Mon endroit coup de cœur en Inde : la ville sacrée de Varanasi et le mythique Gange
Varanasi c’est l’endroit qui a fait chavirer mon cœur quand je suis allée
en Inde la 2e fois. Varanasi, c’est là où mon âme s’est sentie
la plus vivante. C’est là où j’ai eu le sentiment d’être née
la première fois.
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Varanasi, la ville la plus sacrée de l’Inde
Varanasi, c’est le cœur spirituel de l’Inde. C’est dans cette portion du Gange que sont déposés les cendres d’une grande partie des Hindous. Le Gange, étant la plus sacrée des 7 rivières sacrées de l’Inde est sans conteste, énigmatique. On ne peut rester de marbre face à elle puisqu’elle fait partie de tant de légendes et de tant de prières. Je suis d’accord, elle est extrêmement polluée et elle est dégoûtante quand on l’inspecte de près. Mais c’est le Gange! Et à mon humble avis, rien ne peut battre ça.
Je ne suis pas réellement croyante. Pas en Jésus du moins, désolée pour vous, chacun a droit à sa propre opinion. Mais j’ai de plus en plus tendance à croire en la réincarnation et au karma. Le miens est hélas très noir et de penser que j’aurai une 2e chance un jour me permet de garder un peu espoir dans la vie. Mais passons, mon but ici n’est pas de parler de Dieu ou de religion. J’ai envie de vous partager mon amour de Varanasi en Inde. Et même si l’un ne va pas sans l’autre, Varanasi est un incontournable de l’Inde même si on est que simple visiteur, voici pourquoi.
Pourquoi j’ai ajouté Varanasi à mon itinéraire lors de mon 2e voyage en Inde
J’ai fait un premier voyage en Inde en 2018, où j’ai passé 2 semaines dans la région du Rajasthan, en passant par Delhi bien sûr. J’avais adoré carrément, si bien que dès mon retour, je m’étais tout de suite réservé un autre voyage pour l’année suivante, dans le but de visiter d’autres régions, pour 5 semaines cette fois. Lors de ce 5 semaines, je suis retournée au Rajasthan, ma région favorite de l’Inde pour son style plus traditionnel et les amis que j’y avais rencontré la première fois. Mais j’ai poursuivi mon voyage cette fois en parcourant toute la côte Ouest du pays, en m’arrêtant cette fois à Mumbai puis à Aurangabad pour commencer, puis en descendant vers Goa, Mysore, Bengalore et finalement Kochi, tout au sud du Kerala. De là, j’ai repris l’avion pour remonter vers le Nord-Est, pour m’arrêter à Varanasi, la ville la plus sacrée de l’Inde.
Célébrer le Holi à Varanasi
Mon but premier à Varanasi était de célébrer le Holi. Aucun endroit en Inde ne pouvait être aussi parfait que la ville la plus sacrée, pour fêter la fête de l’amour et des couleurs! J’avais fait un choix réfléchi et je n’ai eu aucun regret. J’y ai passé 6 jours avec un ami puis, j’ai repris l’avion pour retourner à New Delhi d’où je prendrais un bus pour monter encore plus au Nord, à Chandigarh où m’attendait un autre ami.
Varanasi, la ville des morts où l’on se sent plus vivant que jamais
À mon arrivée à Varanasi, j’ai été immédiatement surprise par l’étroitesse des rues. On est complètement ailleurs! Tout le monde dit être dépaysé à son arrivée en Inde. C’est vrai, et Varanasi est une coche au-dessus. Il faut regarder où on met les pieds. Y a des crottes de vaches partout. Les singes sautent d’un bâtiment à l’autre par-dessus nos têtes sans en faire de cas. Les chiens dorment dans les coins et sont épouvantablement maigre.
La vache sacrée de l’Inde n’est pas un mythe
Pour se rendre plus près du Gange où mon hébergement pour les 5 prochaines nuits se trouvent, je devais prendre un tuk-tuk. En roulant, j’arrivais pas à m’arrêter de rire parce qu’on croisait des vaches partout dans les rues. J’ai pourtant été habituée à en voir souvent mais là, c’est intense. Peu importe qu’on soit sur une route rapide ou une ruelle en terre, y a toujours une vache couchée sur le sol. No stress pour elle, mais pour moi, ouf! Et que dire des buffles d’eau. Ici, on ne parle pas des immenses buffles d’Afrique assez agressif. Les buffles d’eau sont plus petits (comme une vache moyenne) mais ils ont toujours leur casque d’armée dur comme de la pierre sur le crâne! Alors gare à toi si tu en croises un. Les buffles font très peu de cas de nous, pauvres humains. Mais hélas, leurs cornes aussi en font peu de cas, c’est pourquoi il n’est pas rare de se faire encorner par ces jolies bê-bêtes! Et elles ne sont jamais seules alors faut vraiment être vigilant.
Célébrer la mort sur le Gange sacré est un passage obligé pour la vie éternelle
La ville de Varanasi en Inde, qu’on appelle encore parfois Bénarès, est surtout célèbre pour ses dizaines de ghats (il y en a 84 au total). Les ghats étant des escaliers de pierres qui permettent d’accéder au fleuve. C’est pourquoi plusieurs pèlerins viennent s’y baigner afin d’effacer leurs péchés. Chaque année, des milliers d’hindous viennent mourir à Varanasi, dans le but de déposer ses cendres dans le Gange et ainsi, mettre fin au cycle des renaissances. On retrouve à Varanasi 2 ghats dédiés à la crémation des morts. Le plus fameux étant Manikarnika. Il est l’un des plus anciens et des plus sacrés de tous les ghats au Monde. On n’a pas besoin de le chercher sur une carte ou de s’informer aux passants. On a qu’à suivre l’odeur. L’odeur de corps brûlés et le cris des femmes qui pleurent.
Le processus de crémation des corps
Les femmes n’ont pas le droit de venir sur les ghats dédiés à la crémation. C’est un poste réservé aux hommes seulement et j’irais même jusqu’à dire, aux hindous seulement. Les touristes curieux s’y approchent mais on leur interdit les photos. C’est sacré pour eux, mais c’est si étrange pour nous qu’on veut voir. Mais quand on a vu, on ne veut plus voir. On veut oublier. Mais hélas, on n’oubliera jamais. Des corps arrivent sans fin, nuit et jour. C’est à coup d’une dizaine de corps à la fois que brûlent ces feux qui ne s’éteignent jamais. Les morts arrivent parfois enroulés de rubans de tissus blanc, parfois orangés, l’orange étant une couleur sacrée en Inde. Ils arrivent parfois parés de leurs plus beaux vêtements, leurs corps lavés et parfumés. C’est le silence tout autour. On entend qu’une seule chose : les flammes brûlantes s’élevant au ciel.
Tu naîtras poussière et tu redeviendras poussière
Sur Manikarnika, il y a des hommes qui s’occupent de ramasser les cendres. C’est avec de grands balais et d’immenses porte-poussières qu’ils vident les lieux pour apporter ce qui reste d’humain au célèbre fleuve sacré. Chaque jour, des centaines de kilo de cendres sont déversées dans le Gange sacré. C’est pas pour rien que le fond est si vaseux et que nos pieds y restent plantés sans pouvoir décoller. Et c’est sans compter les déchets biologiques laissés par les buffles d’eau qui s’y baignent chaque jour. Car oui, je l’ai vu de mes yeux. Je lisais bien tranquille sur un banc quand j’ai vu un jeune paysan qui faisait baigner ses buffles dans l’eau du fleuve. Il restait avec eux dans l’eau puis, au bout d’une heure, retournait sur ses terres, en marchant avec ses animaux, parcourant le dédale de ruelles, parmi les marcheurs.
Le Holi, fête de l’amour, dans mon endroit favori en Inde : Varanasi
Je ne peux pas vous parler de ma ville préférée, Varanasi, sans y évoquer mon expérience du Holi, la fête de l’amour. Comme plusieurs l’ont certainement vu à la télévision ou même vécu, car c’est devenu assez populaire même en Amérique du Nord, le Holi est une fête haute en couleur. Le Holi est une fête hindoue originaire de l’Inde, qui est célébrée chaque année vers l’équinoxe de printemps. À notre époque, je ne pense pas que seuls les hindous la célèbre car j’y ai vu un grand nombre de musulmans également. Cette fête permet à tous de se regrouper au tour du même but : célébrer l’amour de tout. L’amour entre frères, l’amour d’une mère, l’amour d’une âme-sœur et même l’amour de l’alcool! Car on va se le dire, les règles non écrites qui ont leurs habitudes en Inde sont toutes abolies le jour du Holi. C’est pourquoi les hommes en profitent un peu trop parfois.
Les interdits qui ne sont plus interdits pour un seul jour en Inde
Très tôt, l’alcool coule à flot. Et ici on ne parle pas nécessairement d’une bonne bière ou d’un bon vin. C’est hélas souvent de l’alcool frelaté qui se boit. Boire de l’alcool étant pratiquement interdit par toutes les religions en Inde, au Holi, les hommes surtout, se lâchent lousse comme on dit. Et bien souvent, dès 11h00 le matin, on les retrouve étendus de tout leur long dans les ruelles de la ville. Il faut les contourner ou passer par-dessus. Plusieurs d’entre eux en tombent malade et pire encore.
Le déroulement de cette fête sacrée, le Holi
Le déroulement du Holi vari un peu d’une ville à l’autre. La fête traditionnelle commence avec un feu qui est allumé pour rappeler la crémation de Holika, une démone brûlée par Vishnu. Holi veut dire « brûler » et provient du mot Holika. L’incendie de Holika, signifie la victoire du bien sur le mal. Règle générale, on célèbre le Holi sur 2 jours, le premier étant dédié à l’incendie de Holika. Des rituels de feu ont lieu la veille de Holi et les Hindous font des offrandes de céréales. Le deuxième jour est celui le plus populaire auprès des touristes : la célébration des couleurs.
Les cendres autrefois utilisées pour recouvrir le visage des célébrants sont aujourd’hui remplacées par de la poudre de couleur. On dit même que chaque couleur a sa propre signification : le vert serait utilisé pour célébrer l’harmonie, l’orange pour l’optimisme, le bleu pour la vitalité et le rouge pour la joie et l’amour. Les gens, habillés de blanc, circulent avec des pigments de couleurs qu’ils se jettent l’un à l’autre, en se criant Happy Holi et en se faisant un câlin.
La réelle signification du Holi pour les indiens
Mais que signifie aujourd’hui le Holi pour les indiens? On dit que le Holi symbolise d’abord le retour du printemps et de la fertilité. Pour certains, il s’agit de célébrer le travail accompli pour la dernière moisson d’hiver. En faisant de grands feux de joie et en faisant des offrandes aux dieux, on favorise les semailles et les récoltes à venir pour la prochaine saison.
Une autre légende existe, encore plus jolie, qui dit que Krishna, l’un des dieux les plus importants de l’hindouisme avait la peau bleue. Mécontent de son teint foncé, il jalousait celui de sa bien-aimée, Radha, qui avait elle, avait la peau claire. Afin de se rapprocher d’elle, la mère de Krishna conseilla à son fils d’appliquer de la couleur sur le visage de Radha. On les appelle aujourd’hui les «amants éternels». Holi est donc aussi la fête de l’amour et de la sexualité. C’est pourquoi il n’est pas rare de voir les garçons provoquer gentiment (ou pas toujours) les filles avec un vocabulaire et des gestes significatifs. À Varanasi, j’ai dû en repousser plusieurs qui avaient les mains baladeuses. Les hommes en profitent pour se rapprocher des femmes et surtout des touristes féminines. Vaut mieux être claires avec eux quand on désire qu’ils ‘’décollent’’. Un non bien senti et bien ferme fait l’affaire en général, sinon, y aura toujours une bonne âme pour les pousser de là.
Célébrer le Holi partout en Inde
On dit aussi que la fête de Holi c’est « le jour où toutes les castes se mêlent, où les inférieurs ont le droit de se mêler aux castes supérieures, tradition qui existe encore trop en Inde aujourd’hui. Dépendamment des villes en Inde, on ne célèbre pas le Holi de la même manière, mais c’est véritablement en Inde de Nord, dans l’état de l’Uttar Pradesh qu’on y fait les plus grandes fêtes. Par exemple, à Barsana, il existe une version moins connue de Holi, où les femmes ont la chance de frapper les hommes avec des balais, pour s’amuser. Les hommes n’étant pas autorisés à rendre la pareille. Dans le village de Dauji, plus à l’Ouest, la tradition veut que les femmes arrachent les chemises des hommes! Dans les grandes villes comme Delhi, tout s’arrête ces jours-là. Les bureaux et commerces ferment et les gens deviennent survoltés. Devenue très populaire auprès des touristes, c’est dans les grands centres qu’on en voit le plus, préférant les fêtes animées aux célébrations plus traditionnelles des villages éloignés.
Comment on célèbre le Holi dans la ville sacrée de Varanasi en Inde
Pour ma part, le Holi de Varanasi n’avait rien à envier aux autres villes. Dès midi, il y a eu une explosion de joie, rythmée par des danses, des chants et une marée humaine rassemblées. La veille à notre arrivée dans la ville, le responsable de notre hébergement nous avait averti de ne pas sortir dans les rues trop tôt pour le Holi. Car déjà tôt le matin, les hommes se mettent à boire et deviennent vite désagréables. Les enfants chargent leurs fusils à eau d’encre non diluée et se placent sur les toits afin d’arroser toute personne qui passe par là.
Happy Holi !
Mon ami et moi on s’est donc retenu jusqu’à 11h00 puis on est sortis, accompagnés d’autres touristes qui séjournaient au même endroit. Tous vêtus de blanc, on a pris la première ruelle face à nous. Bang, déjà, on venait de recevoir des petits sacs de plastique remplis de poudre et d’eau sur la tête. La jolie blonde avec moi a eu tôt fait d’avoir les cheveux rouge et mauve. On a continué comme ça, criant ‘Happy Holi’’ à gauche et à droite, acceptant des câlins tout en gardant nos bras croisés sur notre poitrine. J’ai eu du fun comme c’est pas possible. Mais faites gaffe à vos verres de contacts, portez des lunettes soleil par-dessus. Ajouter 2 couches de vêtements car avec l’eau, on a vite fait de voir au travers vos vêtements blancs. Et sachez que les touristes attirent énormément les locaux. Ils veulent en profiter. Rien de vraiment grave ne nous ait arrivés mais on en a repoussé plusieurs.
« Je me souviens même avoir sacré une solide claque dans la face d’un jeune homme. Il avait l’air de s’interroger et de ne pas comprendre pourquoi, mais j’ai vite fait de lui expliquer les bonnes manières. Je suis ouverte d’esprit mais là, y en a qui ont exagéré et j’ai pas l’habitude de me laisser faire. Même en Inde ! »
Par chance, j’avais mon ami indien avec moi qui me protégeait. La police s’assurait aussi de défaire les groupes, pour éviter que ça dégénère. Tout le monde voulait se faire prendre en photo avec nous, on était les bêtes de foire de la place, mais c’était parfait, on était heureux. Vers 14h00, ça s’est calmé pas mal. L’alcool avait eu la peau des plus fêtard et ils reposaient tous un peu éparpillés dans les rues…
Fêter le Holi dans la ville sacrée de Varanasi sans toucher au Gange, le fleuve le plus sacré au monde?
La fille qui était avec moi a décidé que elle, c’était dans le Gange qu’elle voulait se rincer… Je m’étais juré que je n’irais pas, malgré mon envie du rituel sacré. Mais où est-ce que j’ai finis avec elle? Dans le Gange évidemment! On nous regardait tellement bizarrement, les gens en croyaient pas leurs yeux. Rares sont les touristes qui osent s’y aventurer, et même les indiens, à part les fervents hindous n’y touchent pas. Trop de risque de tomber malade. On sait tous que le fleuve est gorgé de bactéries. Mais que voulez-vous, la fête avait eu raison de ma raison, hahaha.
La question que vous vous posez surement c’est ‘’pis, c’était comment le Gange?’’. Se baigner dans le Gange, le célèbre fleuve sacré, c’était pire que tout ce que vous pouvez vous imaginer. L’eau était brune, puait, le fond était vaseux, les marches des ghats étaient gluantes et glissantes. On y est resté que 5 minutes. Assez pour qu’un gars nous lance un savon pour se laver mais l’eau du Gange, croyez-moi, ça lave pas! Quand on est sortis de là, on avait l’air toutes les deux de personnages tous droits sortis de la série The Walking Dead!
Survivre au post-Holi, comment s’est?
Disons que la douche a fait du bien après mais malgré toute l’eau chaude utilisée, je trouvais encore de l’encre rouge dans mes oreilles 2 semaines après mon retour de l’Inde! Ma peau a été tachée de rose pendant des jours. J’avais du vert sur les ongles. Je n’ai pas eu de 3e œil qui a poussé dans mon front et je ne suis même pas tombée malade. Je suis une dure à cuire! Et vous savez quoi? Les années ont passées et je n’ai jamais pu jeter à la poubelle mon chandail ‘’autrefois’’ blanc du Holi. Il a une valeur sentimentale à mes yeux et j’adore le regarder, taché de toutes ses couleurs.
En quittant Varanasi, je portais avec moi bien plus que des photographies et des souvenirs. J’emportais le calme contemplatif des ghats, la sagesse des ruelles labyrinthiques et la profondeur spirituelle de cette terre sacrée. Varanasi m’avait offert un aperçu de la vie, de la mort et de la transcendance, une expérience qui continuait à résonner en moi comme une douce musique. Alors que je m’éloignais de cette ville mystique, je savais déjà que Varanasi resterait toujours ancrée dans mon cœur et dans mon esprit. Car Varanasi était bien plus qu’un endroit sur une carte, c’était un voyage spirituel et une immersion dans l’âme de mon Inde chérie.
Un jour, je retournerai à Varanasi c’est promis !
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